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octave crémazie

cependant le tort d’être venu après la Comédie de la mort, de Théophile Gautier. C’est précisément le défaut que signale Crémazie à propos de nos romans historiques, qui auront toujours l’air de pastiches plus ou moins réussis de Fenimore Cooper. Pour me servir de l’expression de Crémazie lui-même, son poème d’outre-tombe a l’irréparable tort d’arriver le second, c’est-à-dire trop tard.

Crémazie n’a été vraiment original que dans ses poésies patriotiques : c’est le secret de sa popularité, et son meilleur titre devant l’avenir.

Nous n’étions que l’écho du sentiment populaire lorsque nous écrivions, il y a tantôt vingt ans :

« Nous n’oublierons jamais l’impression profonde que produisirent sur nos jeunes imaginations d’étudiants l’Histoire du Canada de Garneau et les Poésies de Crémazie. Ce fut une révélation pour nous. Ces grandes clartés qui se levaient tout à coup sur un sol vierge, et nous en découvraient les richesses et la puissante végétation, les monuments et les souvenirs, nous ravissaient d’étonnement autant que d’admiration.

« Que de fois ne nous sommes-nous pas dit avec transport, à l’aspect des larges perspectives qui s’ouvraient devant nous : Cette terre si belle, si luxuriante, est celle que nous foulons sous nos pieds, c’est le sol de la patrie ! Avec quel noble orgueil nous écoutions les divers chants de cette brillante épopée ! Nous suivions les premiers pionniers de la civilisation