Page:Crémieux, Orphée aux Enfers, 1858.djvu/18

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Madame, je ne me fais aucune illusion sur le sort qui m’attend ! Quand une femme en est arrivée à ce degré d’audace, il est parfaitement inutile d’essayer de la remettre dans la bonne voie…

Eurydice.

A la bonne heure ! séparons-nous donc !

Orphée.

Je le ferais de bon cœur, si cela ne devait pas nuire à ma considération et à la position que je me suis faite par mon talent et mon travail. Je suis esclave de l’opinion publique : – c’est ma seule faiblesse, laissez-la-moi. – J’ai besoin du monde, je ne veux pas le heurter. Mais je me suis mis en tête de pourfendre chacun de vos adorateurs…

Eurydice.

Avec votre archet ?

Orphée.

Non, madame. Je crois inutile de vous apprendre le moyen que j’ai choisi pour attraper le maraudeur… Qu’il vous suffise de savoir ceci : Je ne lui conseille pas de folâtrer dans les blés que voilà, comme il le fait depuis qu’il est venu, je ne sais d’où, s’établir dans mon voisinage.

Eurydice.

Et qui l’en empêchera ?

Orphée.

Qui !… petit nanan que j’ai semé à son intention dans les blonds épis…

Eurydice.

Que voulez-vous dire ?