Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/10

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Cornarino.

Je le sais ! Fatale ambition !…

Baptiste.

Enfin, monsieur, il y a quinze jours, a aperçu l’ennemi.

Cornarino.

Je le sais ! Funeste rencontre !… Je fus taillé en pièces !

Baptiste.

Pas précisément… c’est-à-dire que, craignant de l’être, monsieur a fui !

Cornarino.

Je n’ai pas fui, Baptiste, je n’ai pas fui !… Convaincu que ma femme brûlait du désir de me voir, j’ai fait une retraite personnelle et honorable, te laissant à toi, mon fidèle écuyer, le soin de me tenir au courant de tout ce qui se passerait.

Baptiste.

Je n’ai pas tardé à rejoindre monsieur et à lui apporter la triste nouvelle que sa flotte était définitivement et entièrement coulée.

Cornarino.

Hélas !…

Baptiste, à part.

Je dois dire que c’est ce que m’a affirmé le secrétaire de la flotte, Paolo Broggino, auquel j’avais, à mon tour, laissé le soin de tout surveiller, pendant que je filais de mon côté. (Haut.) Voilà où nous en sommes.

Cornarino.

Fâcheuse expédition !… C’est alors que, pour rentrer dans notre patrie, nous avons dû prendre ces déguisements.

Baptiste.

Monsieur a coupé sa noble barbe, et moi, mes humbles moustaches.