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Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/21

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Cornarino.

La nouvelle de notre désastre n’est pas encore parvenue jusqu’ici… je ne suis pas surveillé… je puis entrer avant cet homme, enlever ma femme, fuir avec elle !… que sais-je ?… mais, au moins, sauver mon honneur !… Suis-moi !…

Baptiste.

Monsieur, monsieur, quelle déplorable idée !

Cornarino.

Suis-moi, te dis-je !…

Le jour est venu pendant la scène. Au moment où ils vont entrer, ils sont repoussés par une troupe d’hommes et de femmes du peuple, qui entrent par la gauche en criant ; Cascadetto est au milieu d’eux. — Baptiste et Cornarino se retirent à l’extrême droite.



Scène VI

Les Mêmes, CASCADETTO, Gens du peuple.
[1] Tous.

À bas Cornarino !

Cascadetto.

Silence ! silence !… et oyez tous l’histoire mélancolique et véridique de l’amiral Cornarino Cornarini !… (Cornarino et Baptiste écoutent.) Le récit de sa défaite, de sa fuite honteuse, de sa condamnation à mort par le conseil des Dix, de la promesse de vingt mille sequins à qui le tuera et rapportera au conseil : 1o l’anneau ; 2o les éperons de l’amiral ! (Cornarino est tombé à moitié évanoui dans les bras de Baptiste.) Et maintenant voulez-vous entendre la complainte que j’ai composée sur ce sujet ?

Tous.

Oui, oui !…

Baptiste, bas.

Partons, monsieur… il n’est que temps !

  1. Cascadetto, Baptiste, Cornarino.