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Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/24

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Cascadetto.

Avis : On a lieu de penser que l’ex-amiral est caché à Venise. Le devoir de tout bon citoyen est de le livrer. (Il montre des oriflammes sur lesquelles sont les portraits de Cornarino et de Baptiste, le premier, avec une longue barbe, le second, avec d’énormes moustaches.) Pour en faciliter les moyens à tout un chacun, voici le signalement et le portrait de Cornarino, ainsi que celui de son fidèle écuyer, Baptiste, également condamné à mort. (Baptiste, à son tour, tombe dans les bras de Cornarino.) Le tout ne se vend que dix centimes, deux sous, avec la complainte ! Demandez, messieurs, qui en veut ?

Tous.

Moi ! moi !…

Cascadetto distribue des papiers à tout le monde.
Cascadetto, arrivé à Baptiste et à Cornarino, qui sont tremblants tous deux et se soutenant l’un l’autre.

Eh ! vous autres, là-bas, vous n’en achetez donc pas ?

Baptiste, bas à Cornarino.

Nous sommes perdus !

Cornarino, bas.

Achète, Baptiste, achète !… Il est dit que nous boirons le calice jusqu’à la lie.

Baptiste, achetant la complainte.

Elle est charmante, monsieur, cette petite chanson !…

[1] Cornarino, allant à Cascadetto.

Et le portrait est bien ressemblant.

Cascadetto.

Vous connaissez donc l’amiral ?

Cornarino, troublé.

Nous avons été élevés ensemble… mais je l’ai perdu de vue.

  1. Cascadetto, Cornarino, Baptiste.