Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/44

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Cornarino, bas.

Tu es stupide !… On n’a jamais fait ronfler les gens à coups de poignard.

Ils disparaissent.
Baptiste, qui regarde Catarina.

Elle sourit… Ça lui va bien de sourire !… (Il la chatouille de nouveau.) Cela m’amuse de jouer avec ma victime !… C’est honteux ! mais cela m’amuse !…

Catarina, revenant à elle.

Où suis-je ?

Malatromba.

Elle ne pouvait pas dire autre chose ! Quand une femme sort d’un long évanouissement, elle s’écrie : Où suis-je ?…

[1] Catarina, se levant et passant à droite.

Lui !… encore lui !

Malatromba.

Oui, je suis lui !

Cornarino, reparaissant.

Lui !…

Baptiste, de même.

Lui !…

Toutes ces exclamations se succédant coup sur coup produisent une espèce de sifflement prolongé.

Catarina, à Malatromba.

vous me faites horreur !

Malatromba.

Pas de marivaudage ! Tu as bien tort, va… jamais bluet dans les blés, jamais grillon dans la campagne, jamais ramier dans le bocage, jamais berger sur la fougère, jamais, en un mot, la nature au printemps ne chanta l’amour comme je l’aurais chanté à tes pieds, si tu l’avais voulu !… C’eût été une féerie, un rêve !

  1. Malatromba, Catarina.