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Page:Crémieux et Halévy, Le Pont des soupirs - 1868.djvu/94

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Le chef des Dix.

Quelle journée !… Que d’incidents ! Dépouillez le scrutin, Paillumido… (Il revient sur le devant.) On a des semaines entières où l’on n’a rien à faire… On se dit : Si j’avais quelque chose à faire !… Et puis, un jour, on a tout à la fois… Alors on se dit : Ah ! c’est trop ! Et puis, il y a d’autres jours où c’est mélangé. (Remontant à son fauteuil, mais debout.) Eh bien, es-ce fait ?

[1] Paillumido, lisant le résultat des votes qu’a écrit Gibetto.

Oui… neuf voix pour Malatromba et une pour Magnifico.

Tous regardent Magnifico, qui est seul sur le devant, à droite.
Magnifico, avec orgueil, à part.

La mienne !

Le chef des Dix.

Vive Malatromba !

Tous.

Vive le doge Malatromba !

Le chef des Dix.

Quel coup de feu, mon Dieu ! Voyons un peu ce que devient ce pauvre Cornarino… La demi-heure est passée.

Il va à la fenêtre de gauche.
[2] Malatromba, désignant de loin.

Aussi voyez… on l’emmène.

Le chef des Dix.

Vous avez de bons yeux… Moi, je ne vois rien du tout… Ah ! que je regrette de ne pas avoir apporté mes jumelles !… (Il va à la table, prend le rouleau qu’on lui a apporté au commencement de l’acte et s’en sert comme d’une lorgnette.) Ah ! ceci… cette lettre de Paolo Broggino !…

Il retourne à la fenêtre et se sert du rouleau comme d’une lorgnette.
Paillumido.

Vous auriez dû la lire depuis longtemps.

  1. Malatromba, Gibetto, Chef des Dix, Paillumido, Magnifico.
  2. Chef des Dix, Malatromba, Gibetto, Paillumido, Magnifico.