Page:Crémieux et Halévy - La Chanson de Fortunio, 1868.djvu/10

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LAURETTE.

Vous fûtes bien bon, monsieur.

FORTUNIO.

Oui, madame, je fus bien bon, et depuis je n’ai pas cessé de l’être, et je veux le devenir encore davantage…

LAURETTE.

Est-ce possible ?

FORTUNIO.

Le devoir d’un mari est d’entourer sa femme de soins et de prévenances. Et tenez… vous habitez là une chambre qui donne sur le jardin, n’est-ce pas ?…

LAURETTE.

Oui, monsieur…

FORTUNIO.

C’est humide… et puis l’odeur des fleurs, des roses surtout… cela porte à la tête…

LAURETTE.

Oh ! mon Dieu ! les roses ne fleurissent qu’au printemps…

FORTUNIO.

Erreur, madame, erreur… la rose est comme l’amour… elle est de toutes les saisons.

LAURETTE.

Mais, enfin, que signifient toutes ces histoires, et l’air profond dont vous les dites ?…

FORTUNIO.

Rien autre que ceci, madame, à savoir, que, pour parer à tous ces inconvénients, je ferai élever un grand mur devant vos fenêtres, qui vous protégera à la fois contre l’humidité et l’odeur enivrante des roses.

LAURETTE, avec impatience.

Oh ! monsieur !… (Calme.) Cela vous coûtera bien cher, il me semble.