Page:Crémieux et Halévy - Le Roman comique, 1862.djvu/47

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Scène IX.

L’AUBÉPIN, couvert de farine.
LA CAVERNE.

Gredin ! J’allais l’attraper… Oh ! mais toutes les issues sont gardées, personne ne peut fuir, et quant à vous, mon bonhomme ?…

LA CAVERNE.

Mon bonhomme… Oh ! que ce masculin m’agace.

L’AUBÉPIN.

Je ne vous lâche plus ! Il m’en faut un !…

LA CAVERNE.

Moi ? Où me menez-vous donc ?

L’AUBÉPIN.

En prison, jusqu’à l’arrivée de M. de La Baguenaudière. Vous me direz qui est l’homme au petit Cheval bleu… l’homme au pourpoint groseille… Car l’un de vous deux est certainement le coupable… Allons, mon gaillard…

LA CAVERNE.

Mon gaillard !… Oh ! ce masculin ! ce masculin !… (Elle se débat.)

L’AUBÉPIN, l’entraînant.

Allons ! en route ! (Ils sortent en se bousculant ; au même moment on voit la Rancune tomber de la cheminée. Il est pâle et défait.)


Scène X.

LA RANCUNE, tombant de la cheminée.

Ouf !… Quelle équipée ! (Il va à la porte.) Enfin, il est parti… La maison est cernée, mais les enfants sont en sûreté ; à l’aube, je les ferai filer, et au besoin je file avec eux. En attendant, je ne rentre pas dans ma chambre… je couche ici. Il s’agit de s’installer un lit. (Roulant la huche.) Voilà mon affaire… le sergent à l’œil sur mon pourpoint groseille des Alpes. (Il retire de la huche deux sacs.) Oh ! deux sacs !… deux sacs !… deux sacs de noix ! cela me fera d’excellents matelas ! Si ce l’Aubépin me rencontre, je ne donne pas deux sous de moi. (Il ôte son pourpoint.) Il a du chat tigre dans la figure… (Il va au buffet.) Ah ! j’oubliais… de l’eau pour la nuit. (Il se couche.) La ! maintenant, bonsoir ! (On frappe.) Le sergent ! ne bougeons pas !…

RAGOTIN, dehors.

Par tous les saints du paradis, ouvrez donc !

LA RANCUNE.

C’est la voix de Ragotin… Entrez ! Que diable vient-il faire à pareille heure ?