Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/164

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dans ses papiers, les scénarios assez détaillés d’un mélodrame, Y Ivrogne (i), au sujet duquel il fut en correspondance avec Tisserant, l’acteur fameux, et d’un drame, Le Marquis du 1 er Ilouzards (2), dont Paul de Molènes lui avait fourni le sujet, outre un court fragment d’un autre drame qui se serait appelé La fin de don Juan (3). Pressé par sa misère chaque jour gran


(1) Le canevas de YIvrogne (v. à V Appendice et dans les Lettres les billets échangés au sujet de ce drame entre Baudelaire et Tisserant, Baudelaire et ilostein), renferme de très ingénieux détails. Il indique même une situation très forte, et qui alors était presque neuve au théâtre : la confession d’un assassin succombant à l’obsession du remords et se dénonçant à la justice. Mais les caractères, esquissés d’un trait trop vague, n’ont pas la personnalité nécessaire à la vie du théâtre, et l’intrigue est d’une simplicité enfantine. Il n’en faut pas moins regretter que cet énergique peintre du vice ait renoncé à traiter un sujet où il eût certainement trouvé des scènes plus originales et d’un pathétique plus littéraire que Zola dans son Assommoir, qui, du reste, offre, par sa donnée première, quelque ressemblance avec l’Ivrogne.

(2) Le sujet du Marquis du 1 er Houzards a aussi sa grandeur et sa poésie. C’est, dans un jeune cœur de soldat, la lutte de l’amour d’une femme contre la fidélité à l’honneur. Mais l’intrigue ne se dégage pas, dans ce plan incomplet, des limbes de l’idée abstraite qui la renferme. Aucun des personnages n’a cette physionomie saillante et tout individuelle, qui, au théâtre, est indispensable. V. à Y Appendice, ix, 1, la rectification de M me la comtesse de Molènes.

(3) Ce fragment est si court qu’il ne permet même pas d’entrevoir les linéaments rudimentaires d’une intrigue. On le regrette doublement quand on songe que Baude