Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/213

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M. Troubat, en son nom et au nom de SainteBeuve 1), s’empressa de demander des nouvelles à

fausse assertion. J’ai la bonne fortune d’avoir entre les mains la lettre qu’il écrivit de Bruxelles, à un ami, pour le prier de l’aider à détruire ce méchant bruit qu’il jugeait, dans sa générosité, aussi injurieux à l’endroit des amis de Baudelaire, qu’à l’endroit de Baudelaire lui-même : «… Fais-moi un plaisir : c’est celui de dire à M. Pierre Véron qui annonce assez inutilement et très faussement que notre ami Charles Baudelaire « agonise à l’hôpital » : i° Qu’il n’agonise pas et 2° que Charles Baudelaire s’est fait en Belgique des amis assez dévoués, au nombre desquels je me fais l’honneur de me ranger, qui n’auraient jamais laissé Charles Baudelaire recourir à l’hôpital tant qu’ils auraient eu le moindre pignon sur rue et à défaut de pignon le moindre toit pour le recevoir. — Ce que je te demande là est très sérieux et tu me feras grand plaisir de faire toi-même cette démarche auprès de M. Pierre Véron en mon nom ; tu peux du reste lui montrer ces quelques mots… »

(i) Sainte-Beuve n’avait pas attendu que le mal éclatât pour donner à son ami de très sages conseils : « Il vous faut observer un régime assez exact : vous avez un fond de forte nature, mais la nervure a été chez vous fort travaillée et fort aiguisée. Ne faites rien qui la surexcite. Je sais tout ce que l’ennui a d’assommant. Il est pourtant nécessaire, dans la vie et pour la vie, de savoir s’ennuyer un peu. » (Correspondance, t. II, p. 5i. Lettre du i5 février 186G). Du reste, il est vraiment touchant de voir comme Sainte-Beuve redouble d’affection pour Baudelaire, depuis qu’il le sait malheureux et malade. Non seulement, il répond, avec plus d’effusion, à ses lettres, et dans le Constitutionnel, fait un éloge anticipé du Spleen de Paris, mais il cherche à lui venir en aide dans ses pourparlers avec divers lihraires. Ainsi Baudelaire l’ayant prié