Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/277

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sait un raide escalier ; une porte s’ouvrait, qui était celle de la salle des conférences. C’était là que devait parler Baudelaire.

Je ne pus me hâter assez pour ouïr les prolégomènes. L’escalier était vide quand j’en escaladai les marches ; un silence régnait sous les voûtes ; je ressentis une petite honte à la pensée qu’une foule avait déjà passé et que j’arrivais le dernier. Je me persuadais une affluence solennelle et empressée, accourue comme à un gala. Un huissier attira le haut battant : j’entendis une voix grêle et mordante, d’un registre élevé : elle s’enflait sur un mode de prédication ; elle syllabisait avec emphase ce los à un autre royal poète : — « Gautier, le maître et mon maître… »

Je me glissai dans la salle. C’est encore, après tant d’années, un sujet de stupeur pour moi, la solitude de ce grand vaisseau où je craignais de ne pouvoir trouver place et qui, jusqu’aux : dernières pénombres, alignait ses banquettes inoccupées. Baudelaire parla, ce soir-là, pour une vingtaine d’auditeurs ; il leur parla comme il eût parlé à une cour de princes et leur révéla un Gautier altissime, l’égal des grands papes de l’Art. À mesure, un étonnement s’exprimait sur les visages, me déception, peut-être aussi l’inquiétude d’une seètc intention cachée sous une louange en apparence imodérée. Nul, parmi les auditeurs clairsemés, ne représentait en ces proportions olympiennes, sous ine telle pourpre, le poète magnifique, mais encore tal connu, que son émule, le maître étincelant et quinlesscncié, exaltait comme un éponyme.

Il nie parut que l’assistance, sans doute échaudée