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Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/317

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oui ! Je dormirai bien une ou deux heures cette nuit pour me reposer. » Je rentrais vers minuit, m’attendant (les premières fois s’entend) à trouver mon Baudelaire en plein travail : u Monsieur ne prend pas sa clé ? » me disait le portier — « Est-ce que ce monsieur de tantôt ne Fa pas prise ? — Mais, monsieur, il n’est pas revenu. » Je trouvais en effet la chajnbre déserte, sur ma table le petit paquet déposé par Baudelaire, le dictionnaire anglais, le volume de Poe, le rouleau de papier et les plumes neuves achetées chez l’épicier. Je me mettais au lit. À ers une heure on sonnait. C’était Baudelaire. « Sacré saint-ciboire ! disait-il, les dents serrées, en se frottant les mains. — Qu’y a-t-il ? — Il y a, il a a, parbleu, que je suis allé dîner, comme je vous l’avais dit. Seulement, pour me ménager un peu d’exercice en sortant de table, j’ai eu l’idée d’aller jusqu’au boulevard ; et là j’ai rencontré ce S…, cet indiscret, ce bavard, ce désœuvré qui m’a fait bavarder jusqu’à minuit. Il a fallu aller prendre de la bière. Est-ce que je sais ? mais eniin c’est égal, je pensais à mon affaire à travers les bavardages de S… et tout est écrit dans ma tète. Il ne me faut plus que le temps matériel de me le dicter. (FI regardait la pendule) Une heure 1… j’ai onze heures devant moi ! à quatre pages par heure, quatre heures suffiraient. J’ai trois fois plus de temps qu’il ne m’en faut ! Ah ! vous m’ayez fait faire un lit. Il ne servira guère… pourtant si j’essayais de dormir une heure ou deux pour me reposer du bruit de la platine de S… !> — Prenez garde ! — Ah ! bon, vous croyez donc que je suis un voluptueux onime vous ? Aous ne savez donc pas que je suis ca