Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En entrant chez moi il demandait à la servante : « M. Boyer est-il ici ? » El plus d’une fois il s’esquiva pour ne pas le subir. Pliiloxène fit plus que de l’étourdir par son bavardage. Il le cloua une fois pendant un mois à Versailles dans une auberge où on leur avait l’ait crédit, partant toujours pour aller chercher de l’argent à Paris, et n’en rapportant jamais. J’ai gardé deux ou trois lettres lamentables que Baudelaire m’écrivit à cette occasion pour me prier de l’aller délivrer, a Appréciez-vous, me disait-il un jour, les plaisirs négatifs ? par exemple do dire : le petit lyrique n’est pas ici ? »

Le Consulat librairesque de Malassis, bonne aubaine pour nous tous, fui l’essor de Baudelaire. Ses poésies furent un des premiers livres publiés. Le livre n’avait pas de titre alors, après avoir été baptisé tour à tour les Lesbiennes et les Limbes ; grande affaire ! et Dieu sait s’il en fut longuement question ! Celui qui donna le titre définitif, Fleurs du mal, c’est Hippoly te Babou, je m’en souviens très-bien, un soir au café Lemblin, après une longue enquête sur ce sujet (i). — Baudelaire était redoutable dans les conversations d’affaires, (l chez les marchands. Il employait alors une foule de finesses qu’il croyait très adroites et qui tournaient constamment contre lui. Il m’a plus d’une fois fait

billet h Pliiloxène Boyer ; mais il commence par ces mots : « Cher lyrirjae. »

(i) Ce précieux renseignement a été confirme par les témoignages do Poulet-Malassis et de Charles Monselet. \ . les Notes sur Baudelaire, par M. Jules Le Petit {La Plaine, i or juillet l8û3).