Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/384

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plus il acquiert de cerlitude.il devient plus accessible sans rien sacrifier de sa personnalité, mais seulement en s’abandonnant davantage, en étant moins tendu. On comprend que la publicité n’est plus pour lui un accident, et, en se persuadant que ce qu’il n’a pas dit aujourd’hui, il le dira demain, il allège son discours d’autant. Considère du reste que ce n’est là un conteur ; c’est un esprit éminemment critique, un tempérament inquiet, nerveux, qui n’a jamais eu la prétention de se divertir, et qui cherche avant tout sa propre satisfaction dans ce qu’il produit.

» Je tenais à vous rapporter le pour et le contre. La défense ne vaut pas mieux que l’attaque ; ni l’une ni l’autre ne sont nouvelles pour vous. On est parti, pour vous juger, de votre long silence ou de bizarreries plus ou moins prouvées : certaines théories, \otre genre de vie ont fait dire que vous aviez l’esprit et le corps également malades — certains de vos vers ont encore témoigné contre vous et soulevé beaucoup de répugnances. Aujourd’hui l’approbation tend à gagner le dessus et vous prenez votre rang.

» À tel ou tel qui ne vit que par la forme, par le procédé et les complications savantes, je ne dirai rien ; — à vous mieux nourri, plus vigoureux,je dirai : simplifiez, loin d’y perdre vous y gagnerez, Vous avez les idées et la couleur, aimez la clarté qui les fait vivre . Vous avez pour vous la maturité, la sensibilité, la réflexion, allez devant vous. Je le maintiens : vous êtes en réel progrès et sur la voie de la pleine santé. Après avoir lu tant de vers résonnants, tant de critiques vides,