Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/431

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

réuni pour manger des pâtisseries exquises, et boire des infusions enivrantes. Mais, la cigarette a de nouveau séparé les deux partis. Cependant, M m0 Manet a joué comme un ange ; M. Bosch a gratté sa guitare, comme un bijou ; Chérubin-Astruc a chanté ; la commandante Thérèse a chanté aussi. Je vous parle de la commandante, parce que, si vous ne vous intéressez, pas à elle, elle s’intéresse à vous ; et cela revient au même.

» Nous nous sommes séparés, à regret, à 2 heures du matin. Oh ! l’horrible temps au dehors, la pluie, la neige, le froid, le noir, brrr ! je suis gelée, quand je m’en souviens ; même là, au coin de mon feu où jesuis si bien. Vous l’avez abandonné, déserteur que vous êtes. Je voudrais bien ne pas vous regretter, et faire comme Paris, qui commence à prendre son parti de votre absence ; mais non, je ne peux pas. Je ne pardonnerai jamais à ce grand dadais de Stevens de vous avoir envoyé boire la bière de sa patrie.

« Moi aussi, je vous serre vigoureusement la main. »

2.

[i865.] « Cher monsieur,

» Manet dit que vous me demandez. Eh bien ! me voilà ! — Comme il m’ennuie de ne pas vous voir, je profite vite de votre appel pour causer un instant avec vous. — Mais, qu’atlendez-vous ? que me voulez-vous ? de quoi désirez-vous que je vous parle ? Depuis quelque