Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/449

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« Ne vous inquiétez plus du Babon. Je ne sais si je répondrai jamais à ce qui n’est pas une espièglerie,

sion de rapporter dans ses principales phases une querelle littéraire dont les Fleurs du mal furent sinon l’objet exclusif, du moins le prétexte plausible.

Sainte-Beuve, à qui Baudelaire avait offert les Fleurs du mal, lui avait adressé, dès le 20 juin 1857, une lettre de félicitations tempérée par des réserves et des conseils, — celle-là même que MM. Calmann Lévy ont reproduite à Y Appendice du tome 1 des Œuvres complètes (p 3o5). Quand il apprit les poursuites, il eût voulu défendre publiquement son ami ; mais les exigences de ses relations avec le monde officiel paralysaient sa bonne volonté, et il dut se contenter de lui fournir les petits moyens qu’on a lus plus haut (Appendice, III).

Avec l’inaltérable déférence qu’il témoigna toute sa [vie à c< l’oncle Beuve », Baudelaire avait admis la sincérité et la validité de l’excuse qu’on lui donnait ; mais ses amis avaient été plus réfractaires à la persuasion, Un d’eux surtout, Hippolyte Babou, ne pardonnait pas à son illustre confrère son abstention dans une circonstance où le devoir commandait, selon lui, de prendre hautement la défense des lettres persécutées. Un article qu’il publia en février i85o, dans la Revue française, sous ce titre : De l’Amitié littéraire, lui fournit l’occasion d’exprimer le grief qui lui tenait fort au cœur. Il n’y nommait pas Sainte-Beuve, mais ses allusions le désignaient clairement. C’est ainsi qu’il concluait : « Se risquer sottement dans un acte de conscience et de vertu, ce serait, à son avis, une fantaisie de dupe, ou un trait de folie. Il glorifiera Fanny, l’honnête homme, et gardera le silence sur les Fleurs du mal. »

En lisant cet article inspiré peut-être par une intention généreuse, mais à coup sur malencontreux, Baudelaire qui devait beaucoup à Sainte Beuve, et l’aimait, nous lavons dit. d’une affection où le cœur avait presque au