Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/469

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mais (j’entends les esprits de certaines allures) que par nécessité ou besoin vague de se dégrossir l’esprit.

» Veuillez donc penser, je vo.us en prie, que j’estime trop la valeur de votre précieux temps pour vous demander une réponse : vous m’écrirez si vous avez un loisir à perdre, quand il vous plaira, dans un an, six mois, jamais si bon vous semble : je ne vous en aimerai pas moins, je comprendrai cette petite préface de Ricard o et je serais désolé que mon admiration vous gênât le moindrement : ceci soit dit avec sincérité.

» Combien je regrette les conséquences de ces jours derniers ! Vous m’avez vu sous des conditions déplorables : j’étais à la fois — très troublé par le vin — le manque de sommeil — et le saisissement de vous parler. Combien de bêtises me sont échappées !,.. Mais je pense que vous n’êtes pas de ceux qui jugent les gens sur un fait.

» Mes relations fantaisistes — j’ai frayé, par entraînement, avec des individus de joyeuse imagination — doivent être mises sur le compte de mon extrême jeunesse ; cela s’oublie assez vite ; il ne s’agit que de rompre vite, et de monter vite, ce qui ne tardera guère pour moi, je pense.

» Allons, voilà qui est bien ; votre profonde et habituelle délicatesse ne méprisera pas l’humilité de cette petite épître, je n’écris pas de la sorte à tout le monde ; vous êtes mon aîné, cela dit tout.

» Quand je pense que je n’ai pas répondu l’autre soir à M. R… (charmant compagnon, du reste, par exemple !) lorsqu’il me demandait ce que vous aviez créé :