Page:Crépet - Charles Baudelaire 1906.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux ou trois tableaux, et s’en allait. Il commençait à discuter les modernes. Je n’ai pas besoin de dire son admiration pour Delacroix. Parmi les dessinateurs, comme il était parfois de parti pris violent, il adorait Daumier et abominait Gavarni. »


Baudelaire était donc dans les meilleures conditions pour aborder la critique d’art, quand il débuta par le Salon de 1845 [1]).

Ce brillant essai d’une critique aussi hardie que judicieuse, et dont le style étonnait par sa pittoresque énergie, fut très remarqué de tous les bons juges et lui ouvrit les colonnes du Corsaire-Satan, journal littéraire qui avait succédé au Corsaire. Le rédacteur en chef y avait groupé plusieurs jeunes écrivains de grand avenir, et parmi eux, plusieurs des amis de Baudelaire, notamment MM. Prarond et Le Vavasseur, que leur volume de poésies avait mis en pleine lumière, M. le marquis de Chennevières, l’auteur des Contes de Jean de Falaise, Champfleury, dont le succès légitime de Chien-Caillou commençait la réputation, Auguste Vitu, déjà très goûté des lettrés [2].

    Meurice qui, en peinture comme en musique, accusait souvent les mêmes goûts que Baudelaire (V. ses Lettres, Appendice, X), avait fait une copie de ce tableau.

  1. « Nous connaissions peu l’usage des tables pour travailler, penser, composer. Cette plaquette, si remarquable d’ailleurs, nous renversa, comme somme de travail. Pour ma part, je le voyais bien arrêtant au vol des vers le long des rues ; je ne le voyais pas assis devant une main de papier. » (Notes de M. Prarond.)
  2. Le Corsaire-Satan était dirigé par M. Lepoittevin Saint-Alme, « un vieillard solennel, à mine de vieux troupier, dit Asselineau, qui découvrait majestueusement