Page:Crépet - Les Poëtes français, t2, 1861.djvu/28

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Marie, levez-vous, vous estes paresseuse,
Ja la gaye aloüette, au ciel, a fredonné,
Et ja le rossignol doucement jargonné,
Dessus l’espine assis, sa complainte amoureuse.

Sus debout, allons voir l’herbelette perleuse.
Et vostre beau rosier de boutons couronné,
Et vos œillets mignons ausquels aviez donné,
Hier, au soir, de l’eau, d’une main si soigneuse.

Harsoir[1], en vous couchant vous jurastes vos yeux,
D’estre, plus tost que moy, ce matin, esveillee :
Mais le dormir de l’aube, aux filles gracieux,

Vous tient d’un doux sommeil encor les yeux sillee[2].
Ça, ça, que je les baise et vostre beau tetin.
Cent fois, pour vous apprendre à vous lever matin.


ÉLÉGIE

CONTRE LES BUCHERONS DE LA FOREST DE GASTINE

Quiconque aura, premier[3], la main embesongnee[4]
A te coupper, forest, d’une dure congnee[5],
Qu’il puisse s’enfermer de son propre baston,
Et sente en l’estomac la faim d’Erisichthon
Qui coupa de Ceres le chesne vénérable,
Et qui, gourmand de tout, de tout insatiable,
Les bœufs et les moutons de sa mère engorgea,
Puis, pressé de la faim, soy-mesme se mangea :

  1. Pour : hier au soir.
  2. C’est-à-dire : les yeux encore fermés.
  3. Le premier.
  4. Embesognée, c’est-à-dire : occupée.
  5. Pour : cognée.