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Page:Crépet - Les Poëtes français, t4, 1862.djvu/161

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POÉSIES DE MADAME VALMORE.
154

SOUVENIR

Quand il pâlit un soir, et que sa voix tremblante

S’éteignit tout à coup dans un mot commencé ;

Quand ses yeux, soulevant leur paupière brûlante,

Me blessèrent d’un mal dont je le crus blessé ;

Quand ses traits plus touchants, éclairés d’une flamme

Qui ne s’éteint jamais,

S’imprimèrent vivants dans le fond de mon âme,

Il n’aimait pas : j’aimais !


MALHEUR A MOI

Ah ! ce n’est pas aimer que prendre sur soi-même

De pouvoir vivre ainsi loin de l’objet qu’on aime.


Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;

Je ne suis plus le charme de ses yeux ;

Ma voix n’a plus l’accent qui vient des cieux,

Pour attendrir sa jalouse colère ;

Il ne vient plus, saisi d’un vague effroi,

Me demander des serments ou des larmes.

Il veille en paix , il s’endort sans alarmes ;

Malheur à moi !


Las de bonheur, sans trembler pour ma vie,

Insoucieux, il parle de sa mort !

De ma tristesse il n’a plus le remord,

Et je n’ai pas tous les biens qu’il envie !

Hier, sur mon sein, sans accuser ma foi,

Sans les frayeurs que j’ai tant pardonnées,

Il vit des fleurs qu’il n’avait pas données.

Malheur à moi !