Page:Crépet - Les Poëtes français, t4, 1862.djvu/715

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ROLAND


À P. T.


Vous allez donc partir, cher ami, vous allez
Fuir vers notre soleil, comme les vents ailés ;
Déjà la berline jalouse
Frissonne sous le fouet, inquiète, en éveil,
Belle et fière d’aller bondir sous le soleil
Où s’endort la brune Toulouse.

Que Dieu vous garde, ami ! — Mais lorsque vous aurez
Franchi monts et vallons, et fleuves azurés,
Villes et vieilles citadelles,
La vermeille Orléans, et les Apres rochers
D’Argenton, et Limoge aux trois sveltes clochers,
Pleins de cloches et d’hirondelles,

Et Brive et sa Corrèze, et Cahors et ses vins,
Ou naquit Fénelon, le cygne aux chants divins,
Qui nageait aux sources d’Homère : —
Arrêtez un moment votre char agité
Pour voir la belle plaine où le More a jeté
La blanche cité, votre mère ;

Ces plaines de parfums, cet horizon fleuri,
L’Aveyron murmurant, des pelouses chéri,
Le Tescoud aux grèves pensives,
Le Tarn fauve et bruyant, la Garonne aux longs flots,
Qui voit navires bruns et verdoyants îlots
Nager dans ses eaux convulsives ;

Et puis, voyez là-bas, à l’horizon, voyez
Ces grands monts dans l’azur et le soleil noyés ;
On dirait l’épineuse arête
D’un large poisson mort entre les océans,