Page:Crépet - Les Poëtes français, t4, 1862.djvu/716

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Ou bien quelque Babel, ruine de géants,
Dont la foudre ronge la crête.

Non, ce mur de granit qui clôt ce bel Éden,
C’est Charlemagne, c’est Roland le Paladin
Qui lui fit ces grandes entailles ;
Qui tronqua le Valier, blanc et pyramidal,
En faisant tournoyer sa large Durandal
Contre les Mores, aux batailles,

Les Mores ont haché les rois goths à Xérès,
Leurs bataillons fauchés sont là dans les guérets
Comme des gerbes égrenées ;
L’Arabe, sur les pas de Musa el Kevir,
Fait voler son cheval du bleu Guadalquivir
Jusques aux blanches Pyrénées.

Mais un jour que Musa el Kevir a voulu
Traquer, sur leurs sommets, un vieil ours chevelu,
Grimpant de pelouse en pelouse,
Il monte au pic neigeux du Valier… Ébloui,
Il voit un horizon en fleurs épanoui,
Où, comme une perle, est Toulouse.

« Fils d’Allah, dégainez vos sabres ! fils d’Allah,
Montez sur vos chevaux ! La France est au delà,
Au delà de ces rocs moroses !
L’olive y croit auprès du rouge cerisier ;
La France est un jardin fleuri comme un rosier,
Dans la belle saison des roses. »

L’Arabie, en nos champs, des rochers espagnols
S’abattit ; le printemps a moins de rossignols
Et l’été moins d’épis de seigle.
Blonds étaient les chevaux dont le vent soulevait
La crinière argentée, et leur pied grêle avait
Des poils comme des plumes d’aigle,