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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

La Duchesse de La Ferté, qui s’aperçut de la faute qu’elle avait commise, et qui n’était pas fâchée d’une occasion pour donner à M. Potier de Gèvres un petit coup de busc sur les doigts, se mit à dire avec un air de résignation douloureuse : — J’espère que mes cousines auront la bonté de m’excuser, et j’ose implorer votre miséricorde, Monsieur de Gèvres ! vous me faites trembler, je vous crois toujours voir sous un Mortier et sur le grand banc de la Tournelle, comme si vous étiez M. votre grand père, et que vous allassiez juger les pâles humains !

M. le Duc ne répondit rien, il fit une petite grimace de vieille femme et se mit à sentir son bouquet d’herbes céphaliques : ensuite il demanda qui j’étais ? Ma grand’mère lui répondit honnêtement que j’avais l’honneur de lui appartenir, et qu’on avait à me féliciter de cette parenté-là : ce qui vint bien à point pour jeter comme un peu d’eau sur les flammèches et les orgueilleuses fumées de notre parente.

Au bout de quinze à vingt minutes, on vint enlever M. le gouverneur de Paris, qui s’en alla comme il était venu, avec ses grands valets, ses petits pages et ses petites simagrées[1] ; ensuite une manière de sacristain vint dire à Madame la Duchesse que son aumônier allait donner le salut du Saint-Sacrement

  1. En relisant ceci, je ne suis pas bien assurée que M. de Gèvres fût déjà en possession ou en exercice de son gouvernement de Paris, pour lequel il avait été long-temps survivancier de son père, mais je ne me donnerai pas l’embarras de vérifier une chose qui n’en vaut pas la peine.
    (Note de l’Auteur.)