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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

quoi qu’on en dise aujourd’hui, je vous assure que rien n’était plus rare et plus désapprouvé que ces sortes de mariages.

Ma grand’mère de Froulay me dit un jour : — Mon petit cœur, il est question de vous marier, ce me semble ? et la voilà qui change de conversation sans avoir jeté les yeux sur moi. Je m’étais sentie rougir, et je lui sus bon gré de sa délicatesse.

Mon père étant venu me voir le surlendemain : — Mon enfant, dit-il, il est question pour vous d’un parti qui me paraît sortable ; je vous prie d’écouter ce que votre tante vous en dira ; et mon père ne m’en dit pas une parole de plus.

Ma tante (la Baronne) me demanda, deux jours après, si je n’avais jamais pris garde au Marquis de Laval-Boisdauphin ? Il ne serait pas fâché de vous épouser, me dit-elle avec l’air du monde le plus indifférent pour le marquis. — J’en serais inconsolable, lui répondis-je… — Je ne saurais m’en étonner, répliqua-t-elle, et vous pouvez compter que je ne vous en reparlerai point. Vous avez encore un prétendant que vous ne connaissez pas et qui ne vous a jamais vue. Votre grand’mère a pensé que vous pourriez vous rencontrer, sans que vous en soyez embarrassée, dans un parloir de l’abbaye de Panthemont ? c’est un jeune homme de grande naissance, il est devenu le chef de sa famille, et du reste, vous n’aurez besoin que d’ouvrir l’histoire des Grands-Officiers de la Couronne pour y voir ce que sont Messieurs de Créquy ? — Oh, ma tante, je connais très-bien cette généalogie-là ; c’est un nom qui résonne comme le bruit