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SOUVENIRS

Voilà ce qu’elle a répété pendant plus de quinze ans, c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie, et M. de Créquy n’en est jamais disconvenu.

Un rhéteur athénien s’en vint un jour en Laconie, chez les Spartiates, et leur proposa d’écouter un éloge d’Hercule. Ils lui répondirent laconiquement. — Qui est-ce qui le blâme ?

Il m’avait semblé que j’aurais pu n’omettre aucuns détails en vous parlant de M. de Créquy ? Je suis devenue septuagénaire, mais malheureusement, mon cœur ne l’est pas, mon Enfant ! voilà que mon cœur se serre en pensant à votre aïeul à qui j’ai dû tant d’années d’un parfait bonheur ; et quand je le représente à ma pensée pour vous le reproduire avec tous les agréments de sa jeunesse, mes pleurs m’aveuglent. Je n’ai pas eu le bonheur de mourir la première, et ma douleur se ravive au point de ne pouvoir continuer à vous parler de lui. D’ailleurs, le portrait que j’en aurais entrepris n’aurait pu me satisfaire, et m’aurait fait soupçonner de prévention favorable ou d’exagération. Vous apprendrez à connaître votre grand-père en lisant les mémoires de sa veuve. Les faits parleront plus éloquemment et plus haut que je ne l’aurais pu faire[1].

  1. Louis-Marie-Charles-Arras-Adrien, Sire et Marquis de Créquy, Saint-Pol, Heymont, Blanchefort, Canaples et autres lieux ; Prince de Montlaur ; Souverain-Comte d’Orlamunde et Libre-Seigneur de Wesem ; Grand d’Espagne de la première classe en substitution des Ducs de Mirande ; Premier Haut-Baron, Premier Pair et Grand-Forestier d’Artois, co-Seigneur de Valenciennes et Châtelain royal de Bruges, Colonel-Général et Inspecteur-Général des armées du Roi, Chevalier de l’ordre insigne de