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SOUVENIRS

d’Allemagne, à la tête de son régiment Royal-Comtois, et vous pouvez bien imaginer qu’au milieu du trouble qui s’ensuivit au château de Montflaux, on eut autre chose à penser qu’à me faire enregistrer à la sacristie de la paroisse, où, du reste, quarante ans plus tard, il n’y avait encore aucune espèce de registre pour tenir l’état civil[1]. Le vicaire inscrivait le nom du baptisé sur une feuille volante, et quand on venait lui demander un acte de naissance, il en donnait quelquefois l’original, afin d’économiser son écriture et le papier marqué. Je suppose que le chapelain de ma mère avait eu la précaution de m’ondoyer : mais comme il était mort l’année suivante, on n’en savait rien du tout ; ce qui fit que la Coadjutrice de Cordylon, ma tante, eut soin de me faire baptiser, sous condition, lorsqu’on m’envoya près d’elle à l’âge de sept à neuf ans. Il avait été convenu que ce serait notre cousine, la Princesse des Ursins, qui serait ma marraine, et je n’en ai jamais su davantage au sujet de cette affinité sacramentelle.

Il faut vous dire aussi que l’ancien intendant de nos terres du Maine avait été frappé de paralysie quelques jours avant celui de ma naissance, et que mon père étant resté prisonnier pendant dix-sept

  1. Le château de Montflaux, chef-lieu du comté de ce nom, érigé en 1649, en faveur de Charles de Froulay de Tessé, Grand Maréchal des logis de la maison du Roi Louis XIV, et Chevalier de ses ordres, est situé dans la paroisse et châtellenie de Saint-Denys-les-Gâtines, au diocèse du Mans.
    (Note de l’Éditeur.)