Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

qui l’aurait peut-être scandalisée, j’emportai l’anneau que je n’ai jamais rendu. Ma tante à qui je ne manquai pas d’en faire ma coulpe et de confier les pratiques de mon culte pour la défunte, avait commencé par exiger la restitution de cet insigne, en me disant que ce serait une sorte de larcin ; mais j’en fus si désespérée, et je lui trouvai de si bonnes raisons, par analogie avec le culte des reliques, qu’on se distribue par fragmens sans s’embarrasser d’autre chose, ce qui est, bien autrement personnel aux saints du Paradis qu’un morceau de pierre ou de métal… enfin, je procédai si logiquement, et surtout si tendrement, que Madame de Froulay finit par consentir à me laisser la bague de Madame de Montgommery, en exigeant seulement qu’elle fût remplacée par une autre absolument semblable, et que j’eusse à la payer de mes propres deniers, afin d’en agir avec le plus d’équité possible. À la vérité, cette indulgente et parfaite personne eut la bonté d’augmenter ma petite pension, de manière à ce que je n’en souffrisse pas et que mes pauvres ne s’en ressentissent point. Lorsque la bague de remplacement fut arrivée de Rouen, où Madame de Montivilliers n’avait pas manqué de la faire bénir par son Archevêque, afin d’y faire appliquer les indulgences, elle eut grand soin de la faire sceller devant elle, {’sc|à perpétuité}}, pour cette fois-ci, croyait-elle et nous pareillement. On ferma les grilles de la chapelle, et sans entrer dans aucune explication imprudente ou superflue, ma tante me signifia que je n’y retournerais plus, de peur de m’enrhumer.

Il y avait dans le trésor et la sacristie de cette