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AVIS DU LIBRAIRE-ÉDITEUR.

Versailles et Paris formaient à cette époque deux mondes différens, et il était rare et difficile de se trouver également bien placé pour saisir la physionomie de la cour et de la ville. Tel fut le privilège de Mme de Créquy, dont le rang, la haute naissance et la noblesse de caractère lui donnaient accès dans les palais, en même temps qu’ils attiraient dans ses salons toutes les illustrations contemporaines. Tout venait poser devant elle ; il ne s’agissait plus que de savoir peindre, et comme la grande Dame était une femme judicieuse et spirituelle, la tâche se trouva facile pour son pinceau fidèle et brillant.

Quoique l’esprit fût pour Mme de Créquy une autre dignité, elle eut en outre l’avantage de ne point être comptée parmi les femmes-auteurs du dernier siècle, encore moins parmi les femmes-philosophes, double initiation aux cotteries du temps, qui eût pu compromettre son impartialité et influencer ses jugemens. Elle n’avait point ambitionné cette renommée factice, cette gloire sous conditions, qui souvent devient un joug pesant. Il lui fut permis d’écrire pour elle, et non dans l’intérêt d’un parti : c’est ainsi que l’on écrit pour l’avenir.

Ajoutons que dût-on admettre, ce que jusqu’ici l’on n’a fait que supposer, qu’il a fallu