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SOUVENIRS

comment s’y prendre pour arriver jusque dans une ville de Flandre appelée Tournay ? Les moines de Saint-Martin de Tournay, qui étaient des plus doctes, savaient très-bien qu’il existait une abbaye de leur ordre, appelée Ferrières, mais ils ne savaient non plus où la trouver ? Une affaire qui leur était commune les obligea de se rechercher pour communiquer ensemble : les deux abbayes se mirent en quête l’une de l’autre, et ce fut après deux années de recherches et d’informations que les moines de Ferrières finirent par découvrir le moyen de s’orienter de manière à parvenir jusqu’au domicile de leurs confrères de Tournay. La présente citation vous arrive à propos d’un Magnat de Hongrie qui s’appelait le Comte-Suprême d’Esterhazy, et dont nous rencontrâmes la femme à l’abbaye de Saint-Étienne de Caen. Elle arrivait d’Angleterre où son mari l’avait déposée pour y prendre les eaux minérales de Bath, tandis qu’il était allé poursuivre le cours de ses voyages. Elle nous dit, en fort bons termes, du reste, que son mari, qui parlait très-bien plusieurs langues, ne savait écrire ni en hongrois, ni en allemand, ni en français, ni dans aucune autre langue qu’en latin, ce qui l’embarrassait assez pour le moment (la Comtesse-Suprême), attendu qu’elle venait de recevoir une lettre dans laquelle son mari lui mandait d’aller le rejoindre à Lugdunum, où il resterait à l’attendre jusqu’à la fin de l’été. Ma tante osa lui faire espérer qu’en s’adressant à M. le Gouverneur ou M. l’intendant de Lyon, elle était bien sûre de s’y procurer l’adresse et d’y trouver la résidence de M le Comte-Suprême ; mais la Hongroise, qu’elle