Page:Créquy - Souvenirs, tome 10.djvu/211

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generalle, estant vrayment père du peuple en bonne intention si n’étoit en réallité.




Le samedy dernier jour de mars 1513, le Roy, mon filz me vint dire que la Reyne douariesre de France alloit se remarier avec le duc de Suffolch, homme de basse condition que le roy d’Angleterre Henry huitiesme avoit envoyé comme ambassadeur auprès de mon filz, qui n’en pouvoit retenir ses imprécations contreulx. Et ce fut le lundy seiziesme d’après que le duc anglais partit de Paris pour son Angleterre avec la veufve de Louis XII. Aussi, quelle idée que d’aller épouser cette fille de néant pour en mourir six semaynes aprez.




Le 28 de may 1516, le Roy mon filz partit de Lyon à pieds pour faire le pèlerinage de Chamberry et y vénérer le saint Suaire de Nostre Seigneur. S’en revenant de la bataille des Suises, mon filz me renconstra sur les bords de la Durance, tout auprès de Sisteron en Provence, environ six heures du soir, et Dieu sçait si moy, pauvre mère, feus bien ayse de voyr mon filz sayn et saulf et tout entier, aprets tant de violences qu’avait souffertes et soultenues si fermement.




Le dernier jour de may 1520, mon filz arriva a Ardres, qui s’appelle en latin Ardea, et le dit jour le Roy d’Angleterre, second de sa race, arriva à Calez, qui s’appelle