Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

mais ce qu’il approuva temporairement à propos de l’établissement de la banque d’Ostende, où l’empereur Charles VI avait entrepris d’attirer à lui tous les bénéfices commerciaux des autres états et des puissances maritimes en particulier. On avait besoin de se concerter avec la République de Venise, où M. de Frémont, Résidant ordinaire de France, était soupçonné de quelque propension favorable aux Impériaux. Tel était le motif apparent de cette ambassade du Comte de Froulay ; mais comme la santé du Pape allait toujours déclinant et qu’il était aisé de prévoir un prochain conclave, mon père avait alors mission d’aller jusqu’à Rome, afin d’y ménager les intérêts de la France, en y faisant porter l’exclusion de cette couronne et de celle d’Espagne sur les Cardinaux Charles Colonne, Pic de la Mirandole et Zondodari, lesquels étaient des prétoriens sous la pourpre, des Césariens, de véritables Gibelins du XIIIme siècle.

En arrivant à Milan dans les premiers jours du mois de mars nous y apprîmes la mort du Pape et le départ du Comte de Froulay pour Rome où nous arrivâmes après nous être arrêtés pendant huit jours à la cour de Modène. M. de Créquy avait absolument voulu faire cette politesse à l’aîné de la maison d’Est, son parent, qui nous donna des fêtes à l’église, des festins à la cour, des bals au théâtre et des parties de plaisir en campagne, à profusion.

M. le duc de Modène (Renaud d’Est, IIIme du nom) avait été cardinal avant d’épouser la sœur du premier Duc de Hanovre, dont il était veuf de-