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Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/105

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

bliez pas que vous êtes chez votre beau-père, lui dit-il avec une sécheresse admirable, et Dieu merci nous ne la revîmes plus, sinon pour en aller prendre congé, ce qui se passa très-poliment.

Le Prince François de Modène était fort choqué de ce que sa femme s’habillait quelquefois en toile de Perse, et il me demanda s’il était possible et s’il était vrai que ce fût devenu l’usage à Paris ?

Je fus obligée de convenir que plusieurs jeunes femmes avaient adopté cette sorte d’étoffe pour des robes négligées, en troisième saison mais nullement pour des habits de printemps, jamais pour des robes du soir, et encore moins pour des habits de cour.

La Princesse de Modène était la première femme de qualité à qui j’eusse vu porter de ces robes de toile peinte, ce qui m’a toujours paru misérablement chétif, ainsi que les habits de mousseline et de linon.

Nous apprîmes là, sur cette Princesse héréditaire, des choses impossibles à réciter. Tout ce que je vous en puis dire en restant dans la bienséance, c’est que la feue Duchesse de Berry et la Reine d’Espagne auraient paru des Sainte-Nitouche à côté de leur sœur de Modène. C’était au point que M. le Duc d’Orléans se mit à sangloter en lisant la dépêche où mon père en avait cru devoir rendre compte à M. de Torcy. M. Le Régent n’avait certainement ni moralité ni dignité, et s’il vous paraît extraordinairement susceptible, ayez donc patience ! Le Régent n’était qu’au deuxième degré de Louis XIV ; il fallait bien que le germe d’Orléans eût le temps de fermen-