le digne armurier s’en chargea ; mais il demanda du temps parce qu’il avait su que le marquis se tenait sur ses gardes.
Deux jours après, celui-ci fit appeler Domenico Marto dans un lieu très-solitaire et très-écarté : — Mon ami, lui dit-il, voici une bourse de cinq cents sequins d’or, à l’effigie de Saint Marc de Venise : elle est à vous si vous me promettez de poignarder Cirulli.
Domenico prit la bourse et lui répondit : — Seigneur Marquis, je vous donne ma parole d’honneur de tuer Don Fabio Cirulli, n’importe avec quoi, ni comment ; mais il faut que je vous dise une chose, c’est que je lui avais déjà donné ma parole de faire mourir Votre Excellence.
Le Marquis lui répondit en souriant : — J’espère que vous n’en ferez rien, désormais ? Mais Marto lui répliqua sérieusement : — Pardonnez-moi, Excellence, je l’ai promis et je vais m’en acquitter.
Le Marquis d’Ognano voulut tirer son épée, mais l’armurier prit un pistolet à sa ceinture et fit sauter la cervelle au Marquis ; ensuite il se rendit chez M. le Comte auquel il annonça que son ennemi n’existait plus.
Cet honorable gentilhomme en fut bien aise, il embrassa Marto sur les deux joues, il lui fit boire de son vin de Syracuse et du Lacryma-Christi de la meilleure année ; il lui fit donner une superbe lame en acier de Damas, et finalement il acquitta son obligation des mille écus romains. »
Dominique alors se prit à lui dire, avec un air embarrassé, que le Marquis d’Ognano lui avait également promis, pour l’assassiner, cinq cents