Prince Conti chez les Cardinaux de notre nation, où cette Éminence romaine avait toujours montré pour nous beaucoup de prévenance. Il n’en fallut pas moins se faire présenter au Pape Innocent XIII, et Sa Sainteté voulut bien nous faire prévenir qu’elle nous admettrait con ogni piacere. M. de Créquy s’empressa de se rendre au Vatican, et pendant toute l’audience, qui dura trois quarts-d’heure, il ne fut question que du Cardinal de Créquy, du Duc de Créquy, Charles II, et du Maréchal de Créquy, Charles III, dont la mémoire était restée présente à tous les anciens du Sacré-Collège.
Montaigne a dit avant moi combien il est fastidieux de « ramentavoir et longuement destailler les choses cognues et contenues ez livres d’histoire ; »aussi ne vous ramentavoirai-je en aucune façon les démêlés du Pape Alexandre VIII avec Louis XIV, non plus que cette audacieuse entreprise d’insulte contre le Duc de Créquy, son ambassadeur, par des soldats de la garde pontificale, en plein jour et dans la rue du Corso. Je vous dirai seulement qu’un des pages de l’Ambassadrice, appelé M. de Polignac, avait été tué derrière son carrosse, et que ces misérables soldats avaient assailli de coups de pierre la Marquise de Créquy, belle-sœur du Duc, à sa sortie de l’église de Saint-Louis-des-Francais[1]. L’Ambassadeur de France se retira d’a-
- ↑ Catherine de Rougé du Plessis-Bellière. Elle nous a laissé des manuscrits dont je vous recommande la lecture. Cette relation de son voyage à Rome est écrite avec un esprit et un agrément infinis. (Note de l’Auteur.)