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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

gner les pauvres malades, administrer les sacremens de l’église et consoler les mourans. Nous avons vu toutes les places publiques et toutes les portes des églises traversées par des entassemens de cadavres, en plus d’un endroit dévorés par des chiens. Nous avons vu tous ces moribons tendre vers nous leurs mains suppliantes, en nous témoignant une sainte joie de ce qu’ils nous revoyaient auprès d’eux, encore une fois, avant que de mourir, et pour nous demander notre absolution pastorale. Ah ! Nos très chers Frères ! allons nous réfugier dans les plaies sacrées du cœur de Jésus. »

Je ne sais comment il a pu se faire que M. de Belsunce ait trouvé grâce et miséricorde auprès des philosophes encyclopédistes ? Mais toujours est-il qu’ils n’ont jamais voulu faire cause commune avec les Jansénistes contre lui. J’ai vu des libelles écrits par les Jansénistes contre M. de Belsunce, moi qui vous parle ; mais Voltaire en était resté malgré lui sous les impressions de sa jeunesse et jamais il n’aurait parlé de M. de Marseille autrement que pour exalter la charité, la simplicité parfaite et la générosité de cet intrépide Évêque. Il est bon d’ajouter ici que M. de Belsunce avait été désigné par le Roi pour l’Évêché Duché-Pairie de Laon, qu’il avait refusé très modestement, sans en rien dire à personne, et pour ne pas quitter son premier diocèse. Il refusa quelque temps après l’Archevêché de Toulouse, et puis celui de Bordeaux, ce qui fait que le Duc de Saint-Simon s’est cru dans l’obligation de nous avouer que M. de Belsunce était un prélat