voir autour de vous des hommes pénétrés d’une tendresse respectueuse ; que dis-je ? la France vous adore, etc. »
Cet ouvrage de la jeunesse de Voltaire est un monument assez curieux, en ce qu’il peut servir à l’histoire du philosophisme. Il y règne un ton didactique et régulateur, au moins déplacé de la part d’un homme de lettres, et surtout lorsqu’il adresse la parole au Roi son souverain, fût-il mineur, et l’on y pressent déjà l’arrogance et l’irritation qui, vingt ans plus tard, ont fait dresser la tête à tous ces mauvais dragons de l’encyclopédie. L’autorité d’un Évêque est une autre autorité que celle d’un poète ; et cependant Massillon parle au jeune Roi, dans son Petit Carême, avec un respect d’autant plus touchant qu’il paraît plus profond. On voit dans ces égards d’un Pontife pour un enfant la religion, la royauté, la loi de l’État, la manifestation de l’ordre, et l’âme y puise de la joie dans la sécurité. La voix de Massillon s’élève avec une gravité respectueuse et pleine de douceur ; le ton du philosophe est impérieux, hostile, et la franchise en est suspecte. Le grand Roi n’existait plus, le grand siècle était écoulé ; la confusion, la familiarité dans les rapports étaient arrivées à la suite de la Régence et de ses déréglemens.
Il est à remarquer que tous ceux qui méditent la chute des trônes ont toujours soin de préconiser le pardon, l’oubli, la compassion miséricordieuse, et l’on dirait véritablement que la fermeté, la résolution, l’esprit de science, de justice et de force, ne seraient pas des qualités aussi recommanda-