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Page:Créquy - Souvenirs, tome 2.djvu/195

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

L’Abbesse de l’Abbaye-aux-Bois, qui était une sainte fille et qui était une fille d’esprit, avait une histoire charmante sur la Maréchale de Noailles[1]. Elle avait appris qu’elle venait souvent dans son église à l’heure où tout le monde est à diner : on observa la pèlerine et l’on découvrit qu’elle allait adresser des discours interminables à la statue de la Sainte-Vierge, avec laquelle elle avait l’air d’entrer en contestation et même de se disputer, quelquefois.

Elle arrive un jour à l’autel de Notre-Dame, en lui faisant des révérences avec toutes sortes de prévenances et des politesses à n’en pas finir. La prière du jour avait pour objet de faire obtenir à M. le Maréchal-Duc de Noailles, époux de la solliciteuse, une somme de dix-huit cent mille livres dont il avait besoin pour le moment ; ensuite l’ordre de la Jarretière dont il avait bonne envie, parce que c’était la seule illustration capitale qui ne fut pas entrée dans sa famille ; et finalement, un diplôme de Prince du Saint-Empire Romain parce que cette

    Lévis Lautrec, Duc de Ventadour, et Gouvernante du Roi Louis XV. Elle avait peur de toute espèce d’animaux, et ce n’était pas sans motif de prévision, car elle est morte d’un coup d’apoplexie qui lui provint d’une piqure de guêpe à la tempe.

    Gaston de Lévis, Maréchal héréditaire de la Foi, Duc et Marquis de Mirepoix, etc., mort en 1757. On avait dit de lui qu’il n’avait pas d’autre valeur que celle de ses beaux habits, et qu’il avait pour toute bravoure une gloutonnerie formidable.

    (Note de l’Auteur.)

  1. Madeleine de Créquy-Canaples, ensuite Abbesse du Paraclet et de Saint-Waltrude. Elle a péri sur l’échafaud révolutionnaire en 1793.
    (Note de l’Auteur.)