homme à peu près de son âge et pour lequel il avait un attachement fraternel ; il est sans fortune, et je ne possède que du viager, car j’ai vendu toutes mes terres il y a long-temps, et cette maison-ci ne m’appartient plus. Toutefois, j’aurai soin qu’il ait une part de ma succession mobilière, et je lui destine ma vaisselle et mes bijoux, qui valent, pour le moins, septante mille écus ; mais, par un motif que je ne saurais vous faire connaître et sur lequel il me paraît inutile d’attirer votre attention, je voudrais bien que ce jeune homme ne fût pas connu pour avoir été dans mes relations intimes et pour être devenu mon légataire. Ainsi j’oserai vous prier d’accepter, en fidéi-commis, un legs de vingt mille pistoles que je voudrais lui faire, et pour lequel je vous demanderai la permission de vous nommer dans mon testament. Il ajouta que, depuis la mort du Comte de Gisors, ce jeune homme, appelé M. de Guys, se trouvait absolument délaissé par le Maréchal de Bellisle, dont on le croyait fils naturel ; qu’il en était tombé dans le désespoir le plus sombre, et qu’en dépit de tout ce que M. de Poitiers avait pu dire et faire pour le tranquilliser, il était allé s’engager dans les gardes-françaises, où, du reste, on était parfaitement satisfait de sa bonne conduite. — Il est censé le fils légitime d’un gentilhomme appelé le Chevalier de Guys, qui mourut l’année dernière, étant Capitaine des gardes-côtes à Bellisle-en-Mer, poursuivit le moribond : avec les septante mille écus que je vais lui laisser, il ne saurait être à charge à personne, et tout ce que je vous demande
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