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SOUVENIRS

nir, une quantité d’excellentes raisons dont je ne m’étais pas avisé moi-même. Je puis vous assurer qu’il m’a parlé de bon aloy, et que, sans cela j’aurais eu la précaution de remettre mon départ. Vous savez combien je vous suis acquis, mon cher Duc.

« Saint-Simon. »


Imaginez ce que nous éprouvâmes, et figurez-vous, si vous le pouvez, quelles furent notre stupéfaction, notre abattement douloureux et notre indignation contre le Régent, lorsque nous apprîmes le mardi-saint, 26 mars, à une heure après midi, que le Comte de Horn était exposé sur la roue en place de Grève, depuis six heures et demie du matin sur le même échafaud que le Piémontais de Milhe, et qu’il avait été soumis à la torture avant d’être supplicié.

Votre grand-père se fit habiller en uniforme d’officier-général avec ses cordons sur l’habit ; il demanda six valets en grande livrée, fit atteler deux carrosses à six chevaux, et partit pour la place de Grève, où, du reste, il avait été devancé par MM. d’Havré, de Rohan, de Ligne et de Croüy. Le Comte Antoine était déjà mort, et même on eut lieu de penser que le bourreau avait eu la charité de lui donner le coup de grâce avant huit heures du matin (sur la poitrine). À cinq heures après midi, c’est-à-dire aussitôt que le juge commissaire eut quitté son poste au balcon de l’Hôtel-de-Ville, ces Messieurs firent détacher, et même aidèrent à détacher, eux-mêmes, les restes mutilés de leur parent, Personne à l’exception de M. de Créquy, n’avait pensé à se précautionner d’une