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SOUVENIRS

trouvant brouillés, je n’avais jamais vu Mademoiselle de Vertus, non plus que Mlle Quinaut, ce dont il arriva le quiproquo le mieux conditionné. J’attaquai d’abord de conversation Mademoiselle de Vertus, auprès de qui j’étais assise, à qui je fis toutes sortes de gracieusetés, et qui répondit à mes politesses avec un air surpris et touché, car c’était une excellente et sainte personne ; et pendant ce temps-là ma grand’mère, qui conversait avec la Dame au cordon noir, que je prenais pour quelque Chanoinesse de Remiremont, me regardait avec un air d’inquiétude extraordinaire, et elle me dit en nous en allant qu’elle n’avait pas douté que je ne fusse devenue folle.

Mademoiselle de Vertus m’ayant trouvée si bien disposée pour elle, ne douta pas que je méritasse une marque de son bon souvenir : nous étions parentes, et l’on me dit qu’elle s’attendait à recevoir ma visite ; mais elle mourut à la peine au bout de quatre ou cinq mois, après avoir eu l’attention d’ajouter à son testament un codicile, au moyen duquel il vint tomber subito dans ma petite cassette de nouvelle mariée, une somme de quarante mille francs en beaux louis d’or, et cela parce que j’avais pris Mademoiselle Anne de Bretagne, Comtesse de Vertus et Pair de France, pour Mlle Quinaut, simple che-

    Grange, fille du Président Thomas Le Lieure, Marquis de la Grange et de Fourilles, aïeul dudit François-Joseph dont parle Madame de Créquy. Il est mort à Paris en 1808 âgé de 82 ans. Il était le père du lieutenant-général Marquis de la Grange, ancien commandant des mousquetaires, etc.

    (Notes de l’Édit.)