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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

ses gens, et bien entendu que vous ne souffrirez pas qu’un de ses laquais prenne la peine de sortir avec vous. Je suis bien reconnaissante et bien touchée de votre intérêt pour mon favori, poursuivit-elle, il est aimable, il est vif, il est caressant. Vous savez sûrement que c’est Mme du Chatelet qui me l’a fait avoir[1] ? Les deux amies se regardèrent et n’osèrent pas répondre à des confidences et des paroles aussi hors de mesure. On parle d’autre chose et la voiture arrive enfin. Eh bien ! comment l’avez-vous trouvé ? Madame, aussi bien que possible. Est-ce qu’il a bien voulu manger aujourd’hui ? — Il aurait voulu s’amuser à mordre dans un vieux soulier, Mais M. Lyonnais n’a jamais voulu. — Voilà, s’écria ma tante, une singulière fantaisie de malade ! — Enfin marche-t-il, à présent ? reprit la Marquise. — Ah pour ceci je ne saurais dire à Madame, parce qu’il était couché en rond sur son petit matelas de satin bleu mais j’ai très bien vu pour aujourd’hui qu’il me reconnaissait, car il a remué la queue… — M. de Pont-de-Vesle ! s’écrièrent les visiteuses… — Allons donc ! c’est mon petit chien dont il s’agit. — Mais à propos, ajouta-t-elle en parlant à ses gens avec un ton de sécheresse et d’âpreté, vous n’oublierez pas d’envoyer demander, tantôt, des nouvelles du Chevalier de Pont-de-Vesle.

Comme vous n’êtes pas obligé de savoir ce que c’était que M. Lyonnais je vous dirai que c’était

  1. Gabrielle-Émilie de Breteuil, marquise du Châtelet et cousine de Madame de Créquy.