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SOUVENIRS.

Pour en finir avec toutes les sorties de ce Maréchal, je vous en vais rapporter une que je crois inédite et que mon oncle de Froulay tenait du bonhomme la Quintinie, lequel avait été présent à cette espèce de scène. Vous saurez donc que le Maréchal de Créquy se trouvait un jour à côté du Roi Louis XIV sur la grande Serrasse du château de Versailles, et que c’était par un temps sauvage.

— Ne vous rappelez-vous point, Messieurs, dit S. M., qu’en place de cette belle façade il y avait jadis un moulin à vent ? — Si le moulin a disparu, le vent est resté, répondit le maréchal. — Couvrez-vous mon Cousin., répliqua vivement S. M. Pour vous garantir des fluxions, il ne suffit pas des lauriers que vous avez rapportés de Kochberg et de Fribourg. Mettez votre chapeau ; je vous l’ordonne. Le Maréchal n’en voulut rien faire ; il objecta brusquement qu’il n’était ni plus décrépit ni plus grand Seigneur que son cousin le Duc d’Albret ; que ce serait lui donner un ridicule à tout jamais, si personne autre que le Roi et lui n’étaient couverts, et qu’il n’en resterait pas moins chapeau bas si M. d’Albret ne se couvrait point, ainsi que M. le Duc de la Meilleraye, ajouta-t-il en se retournant et s’inclinant avec une méchanceté cruelle. — Je n’aime que les beaux pays et des anciens châteaux, poursuivit-il en rûchonnant ; vous aurez beau faire avec votre Versailles, ce ne sera jamais qu’un favori sans mérite.

Rentrons au plus tôt dans le cycle solaire et les indictions de l’année 1752, où Mathieu Laensberg