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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

niment plus beau qu’aucun des douze Mazarins[1]. Le Commandeur d’Esclots, mon oncle, en fut pénétré de satisfaction, et ce ne fut pas sans peine que je pus obtenir de lui qu’il n’écrirait pas à la Reine pour lui en témoigner sa gratitude. Le bon vieux seigneur était d’une époque où la moindre parole royale et la moindre faveur aulique paraissaient d’un prix inestimable ! il était le type du véritable Français, en ce qu’il idolâtrait la faveur ; et surtout parce qu’il avait besoin d’estimer et de voir respecter ses maîtres. Il est mort sans qu’on ait pu lui persuader que Mme le Normand d’Étioles avait un appartement au château de Versailles, ni surtout qu’elle avait été créée Marquise de Pompadour et Dame du palais. — Tout cela sont des absurdités calomnieuses et des iniquités qui devraient être poursuivies et punies à la diligence du procureur-général ! s’écriait-il en s’agitant sur son fauteuil où le retenait la sciatique. — Il est impossible que le Roi se fasse un malin plaisir d’insulter à la noblesse et d’avilir sa couronne en accordant pareilles faveurs à

  1. Ces douze pierres, à peu près d’un même volume et d’une égale beauté, avaient été léguées à Louis XIV par le Cardinal Mazarin. La Convention ne put jamais trouver à les vendre à aucun souverain de l’Europe, y compris le Sultan qui refusa de les acquérir. Le Directoire les avait mises en gage en Hollande, d’où Buonaparte les fit retirer aussitôt qu’il fut devenu premier consul. Elles faisaient encore partie des joyaux de la couronne de France au mois de mai 1830, époque où nous les vîmes pour la dernière fois à l’hôtel du Garde-Meuble, à Paris. Il y en avait sept au diadème de la couronne du sacre, et les cinq autres étaient comprises dans la monture d’un superbe collier de chatons.
    (Note de l’Éditeur.)