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SOUVENIRS

pour se faire écrire à ma porte en qualité de Grande d’Espagne, à titre de consœur, et tout de suite après la réception de son diplôme. Il était bien difficile que je ne fusse pas lui rendre sa visite : un peu plus tard, un peu plus tôt, ce n’était qu’une affaire de quelques jours ; enfin, j’avouerai que je ne fus pas insensible à cette petite vanité de causer quelque satisfaction à cet aimable prince que j’aimais tant ! La Reine m’embrasse, et je me fais porter dans la cour des Ministres. On m’annonce, et Mme de Pompadour arrive au-devant de moi jusqu’à sa première porte, avec un air de surprise et de joie qu’elle avait grand’peine à comprimer. Elle me voulut absolument faire asseoir au-dessus d’elle, au plus près du Roi, qui faisait sa partie d’hombre avec l’Ambassadrice d’Espagne et le Duc de Saint-Aignan, lesquels se tutoyaient comme deux petits bourgeois, en signe de parité de leur grandesse, ainsi qu’ils auraient fait à l’Escurial, et quoiqu’ils fussent dans le château de Versailles, où l’étiquette a toujours été de ne tutoyer personne en présence de Leurs Majestés. Cette Ambassadrice d’Espagne était Dona Marie-Bénédicte Alvarez de Tolède, Duchesse d’Huescar et Connétable héréditaire de Navarre[1].

  1. Je crois devoir ajouter cette note à propos du Duc de Saint-Aignan dont je vous parle, et dont voici les noms avec les titres héréditaires : Paul-Hippolyte-Henry de Beauvilliers, Châtelain de Beauvilliers, Duc de Saint-Aignan, Comte de Busançois, de Montrésor, de Chaumont-sur-Loire et de Palluau, Vicomte de Valognes et Grand-Bailly de Caux, Baron de la Ferté-Saint-Aignan, Humbligny, Lucay, Chemezy, Neufores et autres lieux ; Pair et Grand Arpentor de France, Grand d’Espagne et premier