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SOUVENIRS

— Sa cage est toute prête à la Bastille, avait ré pondu M. de Bellisle.

— Oh ! non, point d’esclandre encore, en ménagement et délicatesse, pour la parenté, reprit le Monarque ; contentons-nous, pour cette fois-ci, de lui donner sur les doigts, mais vertement ! Je défends qu’il ose venir à Versailles et qu’il se tienne sur mon chemin nulle autre part.

La meilleure histoire de Sainte-Assise est celle de M. le Duc d’Orléans qui arrive inopinément de la chasse, et qui survient brusquement dans un cabinet où son épousée se trouvait tête à tête avec M. de Valence ; et comment donc faire ?

— À genoux ! dit-elle au Vicomte… à genoux !… Ne me répondez rien… — Non, Monsieur ! poursuit-elle en élevant la voix, avec une expression de Reine outragée ! Quittez cette posture, et ne vous avisez plus de venir me surprendre dans mon boudoir !… Vous n’ignorez pas les augustes nœuds et le lien sacré qui m’unissent à Monseigneur ! C’est à Monseigneur et c’est à lui seul, Monsieur, que vous auriez dû parler de vos imaginations relativement à Pulchérie…

— Comment trouvez-vous, dit-elle à son gros d’Orléans qu’elle fit semblant d’apercevoir et qui était resté bouche béante à la porte du cabinet, comment trouvez-vous Monsieur de Valence, qui est amoureux de ma nièce, qui veut épouser ma nièce, et qui s’en vient me faire une scène de roman pour obtenir la main de cette petite ? — Levez-vous donc, Monsieur ! levez-vous donc et ne vous montrez pas en présence de Monseigneur dans une attitude aussi ridicule…