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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

cellent, cet admirablement bon prince ! et pour atténuer l’effet de cette malice, il envoya pour étrennes à Mme de Blot un joli nécessaire de table, en or, avec les armes de Bourbon-Penthièvre, en haut relief, et sur les six pièces richement ciselées.

Tout ce que je pus obtenir de lui, c’est qu’on expédierait cette galanterie dans une attrape de carton, de celles qui ressemblent à des rognons de veau.

Cette Comtesse avait un bichon (elle n’aurait jamais voulu dire un chien, ce que vous concevrez parfaitement d’après son horreur des vaches). — Eh ! sacrebleu ! disait le Comte de Caylus qui sacredisait toujours[1], elle a raison Mme de Blot ! à la cour de Clovis on les assommait de coups (les chiens) ; on les estimait si peu que leur nom seul, était une injure ; j’ai vu dans la chronique de Verdun qu’en 527 un neveu du Roi, nommé Gontrand, se battit contre l’Évêque de Metz qui l’avait appelé chien.

Toujours est-il que celui de Mme de Blot était un petit animal comme on n’en reverra jamais pour la délicatesse du sentiment et de l’intelligence, et surtout parce qu’il ne vivait que de phlogistique, à ce que disait sa maîtresse : autrement dirait-on de l’air du temps. Le plus bel éloge que Mme de Blot pût faire d’un être animé, dans tous les genres et de toutes les espèces, c’était de dire qu’il ne mangeait guère ou qu’il ne mangeait point. Il y paraissait

  1. Ci-gît un antiquaire opiniâtre et brusque. Sacrebleu ! qu’il est bien sous cette cruche étrusque !