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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

tait rien fait et rien dit qui fût hors de mesure et de convenance parfaite.

En vertu du monitoire de son supérieur ecclésiastique, Mme de Panthemont s’opposa formellement à ce que Mlle de Lénoncour reprit le voile blanc avec les habits religieux ; elle établit Henriette dans un bel appartement de pensionnaire, au lieu d’une cellule de novice, et lorsque la Coadjutrice arriva le lendemain matin pour enlever sa nièce, Mme de Richelieu lui fit exhiber une lettre de cachet qu’elle venait de recevoir, et qui s’opposait à la sortie de Mlle de Lénoncour avec toute autre personne que le Maréchal de Beauvau…

La bonne compagnie s’est dédommagée très amplement de la réserve qu’elle avait montrée dans la chapelle ; on n’a parlé dans tout Paris, pendant plus d’un mois, que des amours du joli Vicomte et de la charmante Henriette, que de la noirceur de cette Chanoinesse, que de la bienfaisance et du savoir-faire de la Maréchale, enfin que de la haute sagesse de M. l’Archevêque, à qui l’on sait très bon gré d’avoir déjoué cette manœuvre, sans aucun scandale, en évitant de compromettre ce beau nom de Rupelmonde, et sans être sorti de la mansuétude pastorale, au moyen de ce manque de forme qu’il avait habilement saisi, et dont il avait appliqué le bienfait avec autant d’autorité que de circonspection charitable.

Deux mois plus tard, M. Tiercelet de la Barotte a été introduit dans le cabinet de M. le Maréchal de Beauvau, entre les mains duquel il a déposé la somme de trois cent quarante mille livres, montant