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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

varois dont je voulais me procurer la recette. À présent, Monsieur, sermon pour sermon.

Je vous dirai que dans tous les rangs, pour toutes les places et dans toutes les positions sociales où la Providence divine fait naître les hommes et les femmes, il y a pour elles et pour eux des grâces d’état, mais qu’il y a aussi des devoirs d’état ; il y a des obligations de convenance extérieure auxquelles on ne saurait manquer sans porter un notable préjudice à l’édification du prochain. Les téméraires et le vulgaire en général y soupçonneraient de l’hypocrisie qui est un motif de scandale, et surtout de la part d’un ecclésiastique qui doit toujours s’habiller assez régulièrement pour ne pas s’exposer à la dérision des impies en s’attirant l’admiration des imbéciles. (Prenez garde à l’état de votre haut-de-chausses, lui dis-je à demi-voix : si vous ne le faites pas raccommoder, vous nous montrerez bientôt… toute autre chose que les voies du ciel.) Il en fut d’abord interdit, cet Abbé ; ensuite, il jeta sur les gens de ma suite et sur ma personne un coup d’œil rempli d’amertume et de souverain mépris.

Il faut vous dire que la Présidente Talon s’était arrêtée pour nous regarder avec un air de surprise ; mais il faut commencer par vous dire un mot ou deux sur la Présidente Talon, Françoise de Chauvelin, laquelle était fille du Garde-des-Sceaux, et laquelle était veuve de mon cousin Louis-Denys Talon, Marquis du Bouloy et Président à Mortier au Parlement de Paris. Nous étions parens du quatrième au cinquième degré, parce que la grand’mère de ma mère était Mademoiselle Talon, fille de cet illustre Avocat-