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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Nanan ! C’est Nanan ! Ze veu Nanan ! Touzou Nanan ! Il y avait dans le creux d’une espèce de trappe ouverte un convulsionnaire qui paraissait du sexe mâle et qui se démenait en grande agitation ; il demandait à grands cris qu’on s’occupât de le soulager. Voyant Richelieu qui s’était penché pour regarder dans cette cavité, il implora son assistance, et alors notre bon Richelieu se glissa derrière la trappe qu’il lui rabattit sur la tête. Pendant tout le reste de la séance nous entendions cet homme qui se démenait sans pouvoir soulever son couvercle et qui faisait une sourde rumeur sous nos pieds. Enfin nous vîmes arriver en procession, qui descendait par ce petit escalier de planches, une vingtaine de figures inimaginables, et notamment la Sœur Françoise Bergerat, qui était comme ensevelie dans un sarrau de grosse toile blanche et qui s’était couronnée d’une sorte de diadème en fil d’archal avec des piquans. C’était en guise de couronne d’épines, et l’on portait derrière elle une croix de bois qui n’avait pas moins de sept à huit pieds de haut. Tout le monde se mit à genoux pour écouter Sœur Françoise qui prêcha sur la persécution des saints, sur les malheurs de l’Église, et sur les miracles du Bienheureux Pâris, en nous prophétisant des calamités atroces. Richelieu s’était blotti dans le plus sombre, parce qu’il avait crainte d’être reconnu d’elle ; mais comme il ne pouvait rester sans rien faire, il se mit à faire de l’eau dans son coin. — Qu’est-ce qui nous a mouillé genoux ? D’où peut venir eau